Eliot Bessot
Eliot Bessot fait de l’art avec des machines et des crayons, il suit le cursus de master d’Art Education.
Eliot Bessot étudie à la Haute école des arts de Berne dans le cadre du master d’Art Education. Il commence à dessiner dès son plus jeune âge, révélant une fascination précoce pour les mondes imaginaires et les aliens. Ses premiers dessins, datés de l’âge de 4 à 5 ans, témoignent de son besoin d’ailleurs. Évoluant dans un contexte familial ouvert à la création – ses parents se sont rencontrés à la propédeutique d’art à Bienne – Eliot baigne dans un univers culturel riche.
C’est par YouTube qu’il touche pour la première fois aux vidéos, qu’il entrevoit cette possibilité de devenir créateur. À 12 ans, Eliot se plonge dans l’univers de Minecraft et commence plus tard à monter ses propres vidéos, découvrant ainsi la puissance d’internet comme outil d’apprentissage. Autodidacte, il se forme sans aide extérieure, ce qui nourrit son désir de création et d’expérimentation. Son parcours se poursuit au gymnase, où il choisit de suivre le cursus d’art visuel et lance sa propre marque de vêtements, aime,achète, en dropshipping. Réfléchissant aux dynamiques du capitalisme et aux stratégies marketing, il produit dans ce contexte une vidéo promotionnelle dans laquelle il drift.
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Expérimenter
L’année passée à la propédeutique de Bienne (cours préparatoire pour les écoles d’art) est une période charnière pour Eliot, marquée par une liberté créative sans précédent. Dans cet environnement, il a pu explorer diverses techniques artistiques et affiner sa démarche personnelle. « C’était un espace où je pouvais faire tout et n’importe quoi », il dit. Les enseignant·exs, qu’il décrit comme des « agents libérateurs » l’ont encouragé à dépasser les limites de son imagination. Cette approche pragmatique, qui consiste à « faire d’abord, puis réfléchir ensuite » lui permet de gagner en confiance et d’expérimenter librement. Cette année a non seulement renforcé son envie de travailler dans le milieu artistique, mais a également jeté les bases de son désir de travailler dans la transmission de l’art. Désir renforcé par l’impression de pouvoir mener une vie stable à côté, sans devoir se soucier des revenus générés par sa pratique créative personnel.
Eliot intègre le cursus de Kunstvermittlung à la HKB, où il allie pratique artistique et cours théoriques. Durant ce bachelor, il travaille sur une performance, Café avec un robot, durant laquelle l’artiste boit un café avec une intelligence artificielle logée dans une vieille télévision. C’est pour Eliot un rêve d’enfant d’être ami avec un robot, il l’a ainsi réalisé. Ce projet permet des échanges enrichissants avec le public, illustrant son intérêt pour la technologie et l’humour. Il déploie encore son amour des nouvelles technologies et des intelligences artificielles dans la réalisation d’un court-métrage touchant et troublant dans lequel on le voit voyager sous les ordres de ChatGPT, CHATGPTRIP. Le court-métrage sera visible au Pasquart durant la Cantonale (8.12.2024-26.1.2025).
Venise
Eliot a récemment eu l’opportunité de travailler au pavillon suisse de la Biennale de Venise, une expérience marquante. « Je n’avais pas d’attentes particulières, juste l’envie de me plonger dans l’art contemporain et d’y développer ma pratique », il dit. Cette immersion lui permet d’interagir avec un large public, ce qui renforce son esprit critique. Son stage affine ses compétences en communication. « Savoir transformer ce que tu dis pour que ce soit compréhensible, c’est essentiel », il dit. Les retours du public sont majoritairement positifs, les visiteur·eusexs apprécient le ton des œuvres exposées. Eliot comprend l’importance d’accompagner les gens dans leur compréhension de l’art. Ce qui fait directement écho avec les questions qui le travaille depuis longtemps. Sur le public et la façon dont il souhaite l’aborder.
« Faire de l’art, c’est établir un terrain de jeu où il est crucial de définir des règles tout en restant ouvert à l’expérimentation », il dit. Il valorise l’innocence et l’humour dans ses œuvres, considérant que ces éléments facilitent l’accès à son travail et permettent de toucher le cœur des gens. C’est créer des ponts. En passant six semaines en contact constant avec les œuvres de Guerreiro do Divino Amor, il est influencé par son approche. « L’humour, par exemple, est un élément crucial dans mon travail. J’ai beaucoup appris en observant les créations de l’artiste brésiliano-helvète, qui joue avec cette notion », il dit. Cette expérience lui confirme l’importance des échanges dans un environnement de travail enrichissant, où la connexion avec les autres est primordiale.
Augmenter la réalité
Durant le semestre à venir, Eliot part à Berlin pour travailler avec des jeunes réfugié·exs sur l’espace public, explorant comment cet espace peut être « augmenté » pour générer de l’espoir et de la légèreté. Reprenant ainsi le concept d’un projet développé à Venise, autour de la réalité augmenté. Projet dans lequel il imagine et conceptualise le pavillon du Burundi, absent de la biennal, en collaboration avec un ami artiste burundais, Divin Sinda. Il place un code QR sur un arbre à côté du pavillon suisse, que le public peut scanner afin de faire apparaître sur son téléphone un pavillon de papier enveloppé d’une musique entraînante. Eliot Bessot est un artiste engagé, cherchant à marier nouvelles technologies et responsabilités sociales. Je me réjouis de suivre la suite de son parcours.