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N°4/2024
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Giulietta Mottini

Le cœur de Giulietta Mottini a souvent balancé entre plusieurs langues. À l’Institut littéraire suisse, elle n’a pas eu
à choisir et a pu profiter du plurilinguisme ambiant. Elle revient sur les années d’études qu’elle y a passées et sur les projets d’écriture qui l’animent en ce moment.

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Alumna de l’Institut littéraire Suisse

Après avoir modéré la fête d’immatriculation de la HKB le 16 septembre dernier, Giulietta qualifie l’expérience de mémorable. En effet, cela lui a permis un « moment d’arrêt sur image », où l’autrice a pu prendre conscience de tout ce qui s’était passé pour elle depuis sa participation à la même fête six ans auparavant, en tant qu’étudiante de l’Institut littéraire suisse. Elle a retrouvé de ses ancien·nexs enseignant·exs et a pu discuter avec quelques étudiant·exs qui commençaient leurs études ; elle se rappelle « ce moment hyper excitant où on a tout devant soi ». Cela lui a permis par ailleurs de se rendre compte à nouveau de la chance que c’était de pouvoir étudier dans cette « école de dingue ».

Giulietta garde un très bon souvenir de ses années à la HKB : « J’aimais beaucoup le fait qu’il y ait plusieurs disciplines. J’ai participé à de nombreux cours Y et Toolbox, ils m’ont permis de rencontrer des étudiant·exs d’autres domaines et des enseignant·exs qui avaient une approche différente de l’art, un autre bagage culturel. C’était vraiment très riche. » À l’Institut littéraire, elle apprécie l’atmosphère particulière de l’endroit, « un peu magique ». Pour elle, c’était un rêve d’écrire et d’avoir autour de soi autant de gens qui parlent d’écriture et de pouvoir échanger avec eux. Elle est très reconnaissante d’avoir rencontré autant de personnes avec lesquelles elle peut travailler encore aujourd’hui. En effet, certains contacts ont perduré après l’Institut, « on reste dans l’échange ». Surtout, Giulietta a découvert une autre vision du métier d’écrivaine, qui lui plaît et qui n’existait pas dans son imaginaire avant ses études : « Oui, on peut être écrivaine et travailler en contact avec des gens, et même être heureuse ! »

En arrivant à l’Institut, Giulietta parlait déjà couramment plusieurs langues. Le français et l’italien sont ses langues maternelles. Elle a choisi l’allemand à l’école, optant pour un gymnase bilingue avec un an en immersion à Berlin, puis des études de droit à Fribourg en bilingue avant de travailler en allemand et de retourner une année en Allemagne. Elle a gardé des amitiés proches dans cette langue, très présente dans sa vie ; dans ces conditions, elle se sentait vraiment « à la maison » quand il s’agissait de passer d’une langue à l’autre à l’Institut littéraire. Ce qu’elle y découvre de particulier ? Le suisse-allemand, qu’elle ne parle pas à ce moment-là. Les trois années du bachelor lui ont permis de s’y ouvrir davantage, elle le comprend de mieux en mieux désormais. Elle note qu’à l’Institut, avec l’origine de tout le monde, de nombreuses langues se côtoient. Pour elle, le bilinguisme y est vraiment une chose précieuse, dont il faut prendre soin. « Ce n’est pas un acquis, on peut le perdre facilement. D’ailleurs, c’est un peu une fiction ; il s’agirait plutôt de s’ouvrir au plurilinguisme déjà existant. Les choses changent aussi d’une volée à l’autre : la présence de personnes déjà bilingues aide à créer des ponts. Sinon, la langue peut beaucoup séparer. » Si Giulietta écrit principalement en français, l’Institut lui a permis de rédiger une pièce radiophonique en allemand et de faire des essais en italien. Quand on lui demande si elle pense poursuivre l’expérience d’écriture plurilingue, elle répond : « Je crois que cela arrivera bientôt ! »

Aujourd’hui, Giulietta participe à plusieurs projets d’écriture en collectif (Collectif Épisode et AJAR). Son projet principal s’intitule Opera Lab, un dispositif qui donne carte blanche à un collectif de jeunes artistes pour repenser l’opéra. Au sein du groupe, elle est librettiste, elle écrit ainsi le texte qui sera mis en musique et en scène à la Comédie de Genève en janvier 2025. Elle travaille ainsi avec d’autres alumnis d’écoles d’art de Suisse romande (La Manufacture, Haute école de musique, HEAD). Cette expérience lui a permis de rencontrer plusieurs jeunes artistes et de se confronter à une écriture opératique, ce qu’elle n’avait jamais fait auparavant. Elle a aussi écrit une pièce de poésie-performance, Ne surtout pas diminuer les nuisances, sur laquelle elle travaille avec un metteur en scène et une scénographe. Elle sera jouée par trois comédiennes à la Tour vagabonde à Fribourg, en novembre. Par ailleurs, Giulietta écrit des critiques littéraires pour la revue suisse-romande Vice-Versa, ce qui la pousse à découvrir des récits qu’elle n’aurait pas forcément lus et à « suivre une certaine actualité ». À côté de tout cela, elle travaille en tant qu’assistante-doctorante en philosophie du droit à l’Université de Fribourg. « Pour ne pas mettre trop de pression sur l’écriture, ne pas attendre que ça me permette d’en vivre. » Un choix qui semble porter ses fruits !